Qu’était la Ligue ? A propos du livre d’Hélène Adam et François Coustal, C’était la Ligue

Francis Sitel

Ce n’est pas un livre de témoignage personnel, l’histoire d’un parcours militant, avec sa subjectivité assumée, et donc ses partis pris légitimes, voire ses « révélations » (1)…

Ce n’est pas non plus un livre d’historien, assurant la distanciation nécessaire, le « désengagement » qui assure une garantie sinon d’objectivité du moins d’impartialité.

Nos deux auteurs s’inscrivent dans un registre différent, faisant le pari d’un entre-deux, un mixte entre le fait d’assumer d’avoir été acteurs et celui de privilégier le récit par rapport aux souvenirs et à l’analyse (2). D’où l’ordre chronologique suivi, pour raconter l’histoire de la Ligue, de sa fondation à sa dissolution, immergée dans celle de toute cette période : les soixante dernières années.

Tel était sans doute le moyen permettant dans les conditions présentes d’engager une telle entreprise et de la mener à bien. Cela au prix d’un travail documentaire très important, qui aboutit à un gros livre d’une lecture aisée, agréable. Ce qui, au regard du sujet, représente, admettons-le, une sorte d’exploit.

Reste qu’un tel pari confronte à un double risque. Celui d’être pris en faute de partialité ou d’approches unilatérales, consistant à privilégier des complicités passées ou des partis pris maintenus. Les auteurs se montrent très vigilants à cet égard, même si le livre n’en est pas toujours exempt. En tout état de cause il s’agit là d’un péché véniel.

Plus important et intéressant est cet autre risque de céder à des choix implicites, conduisant à des lectures biaisées de l’histoire ainsi racontée, avec des non-dits, voire des postulats inconscients. Or, si une histoire analytique est par nature contestable, un récit l’est moins. Ce livre C’était la Ligue, est-ce l’histoire de la Ligue ou cette histoire au prisme d’une   « sensibilité » particulière : « la » Ligue, ou « notre » Ligue ? Il semble difficile d’échapper à une oscillation entre l’une et l’autre.

D’où l’importance de continuer le débat. Ce livre y invite. Il devrait y obliger…

Qu’était la Ligue ?

Deux options sont possibles.

L’une est d’approcher ladite Ligue en tant que sujet autonome, né avec la JCR et Mai 68. Donc une « génération » originelle, à laquelle avec le temps sont venues s’adjoindre d’autres filiations. Donc un « courant » particulier, voire une « famille » politique, qui a connu des mutations, des divorces, des remariages… Et qui aujourd’hui se trouve                      « dispersée», mais qui se connaît et se reconnaît…

L’autre de considérer cette organisation comme ayant cristallisé un courant au sein d’un ensemble vaste et composite, qu’on peut situer en fonction de différents périmètres et nommer de divers noms, car pris dans la complexité de ses emboîtements multiples : le « mouvement ouvrier », le « mouvement communiste », le « mouvement révolutionnaire», le ou les « trotskismes », la ou les gauche(s)… Donc une organisation liée à une très longue et multiple histoire, celle du combat pour l’émancipation, celle des Internationales…

La réponse est que la Ligue fut les deux, en même temps, bien sûr !

Reste que ne va pas sans conséquences importantes le choix d’adopter plutôt l’une ou l’autre approche, de privilégier l’un de ces angles de vue. En l’occurrence le parti pris assumé des auteurs est bien de s’inscrire clairement dans la première logique indiquée, et ce sont quelques conséquences en découlant qui nous semblent appeler discussion.

Trotskisme or not trotskisme ?

Ainsi en ce qui touche la question du « trotskisme », référence que n’affectionnent pas vraiment nos auteurs, celle du     « mouvement trotskiste », et donc des relations entre organisations s’en revendiquant.

Sous l’angle de la Ligue sujet autonome, se dessine une histoire chaotique, voire baroque. Et même si on se débarrasse des calomnies staliniennes, assez parfaitement incompréhensible pour qui lui fut étranger.

Avec L.O., c’est à répétition un « je t’aime, moi non plus », un mélange d’attraction et de mépris réciproques, de fascination et de rivalité, alternant alliances et divorces.

Avec le courant lambertiste, s’impose la polarisation d’une forme d’hostilité profonde. Un fonds commun, mêlant passion pour la politique (la matrice commune de la IVe Internationale, la référence à Trotski, la volonté d’agir sur les grands partis ouvriers, davantage le PS d’un côté, plutôt le PC de l’autre…), qui est vécu sur le mode d’un mimétisme destructeur, et même côté lambertiste d’une guerre d’élimination.

Avec le courant se revendiquant du « pablisme », c’est une relation certes complexe mais apaisée et souvent harmonieuse.

Les relations à gauche…

Problèmes et difficultés ont également existé, avec moins de tensions et de passion, pour les autres courants et organisations d’extrême gauche : maoïstes, libertaires, « centristes » (le cas spécifique du PSU…)

Avec le PC et le PS, les relations sont d’une autre nature et ampleur, se nouant selon des modalités fort différentes. Mais les prendre en compte permet une compréhension qui écarte ce qu’il peut y avoir souvent de « bizarre » dans les relations au sein dudit mouvement trotskiste. Parce que précisément ces notions n’ont en fait de sens qu’en relation avec un ensemble plus vaste qui est celui du mouvement ouvrier, de la « gauche »… Les querelles souvent perçues comme byzantines entre organisations révolutionnaires, voire en leur sein, sont à relier aux conflits politiques animant la totalité de la gauche, lesquels renvoient eux-mêmes à l’histoire et à la société dans son ensemble.

On est alors directement renvoyé à des questions d’ordre programmatique et stratégique. Celles de dialectiques complexes : entre réforme et révolution, entre division et unité, entre sectarisme et opportunisme… Lesquelles génèrent des débats laborieux, tendus, difficiles et… sérieux !

Nos auteurs souvent abordent ceux-ci en fonction d’une grille de lecture qu’on peut juger simplificatrice, pour le moins discutable : l’opposition entre une « orthodoxie trotskiste » quelque peu ossifiée et un pragmatisme de bon aloi rendu possible par une inscription dans la réalité sociale. À quoi on peut opposer une explication différente, en fonction d’un engagement militant en faveur d’une politique de défense des intérêts ouvriers donc de rupture avec l’ordre existant… Qu’on nommera « communiste », « révolutionnaire », ou de tout autre nom, mais qui se conçoit et se vit comme antagonique à la politique bourgeoise en ses diverses modalités. Laquelle induit nécessairement entre théorie et pratique, entre réflexion et action, plutôt une torsion qu’une simple opposition…

Comment, en effet, pour une petite organisation guidée par l’idéal révolutionnaire, intervenir au quotidien et dans la durée dans la lutte de classe ? La réponse ne va pas de soi.

La lutte de classe réelle, ce sont sans cesse des tournants, des transformations, des pièges… On peut penser à Mai 68, aux mobilisations de la jeunesse, celles de la classe ouvrière. Et aussi des défis inédits : un antiracisme devant s’actualiser en permanence, les impératifs de la démocratie, le féminisme, l’écologie…

D’où une indispensable capacité d’action, faite d’initiatives et de d’adaptation. Avec une part de pragmatisme incontestablement, en fonction de l’expérience, du « flair », le sens du « coup politique »… Toutes choses qui souvent vont « faire la différence ». Mais qui nécessitent aussi de mobiliser des références stratégiques, ce à quoi « l’orthodoxie» ne suffit pas !

Quelques illustrations d’un même problème

° Mai 68, « révolution manquée ».

C’est l’investissement total dans le mouvement qui conduisit à en appeler à ce qui alors faisait référence en matière de révolution : Octobre 17, la Révolution russe ! Et pour une « génération militante » s’est alors jouée une inscription dans le mouvement communiste et l’histoire… La thèse de la « répétition générale » allait permettre d’assumer le verdict       « Mai 68, c’est fini », dès lors qu’on l’accompagnait du pronostic que la révolution était à venir, et exigeait de s’y préparer. Un élan vécu de manière très partagée par celles et ceux qui s’étaient immergés dans ce torrent, même si ce fut selon des politiques différentes (renvoyant aux divisions tumultueuses au sein de l’extrême gauche et de la gauche en général…).

Une situation qui empêcha de comprendre que ce faisant on était en train d’intérioriser une vision fantasmée des rapports de force. Il a fallu du temps pour admettre l’éclipse de la révolution, les transformations en cours, jusqu’au renversement de période vers une phase de défensive… Beaucoup d’erreurs théoriques et d’illusions accompagnaient une soif de connaissance de l’histoire des révolutions passées, une solidarité active avec les mouvements d’émancipation à l’échelle mondiale, et insufflaient une énergie militante justifiant un activisme débridé, aux plans individuel et collectif, ainsi qu’une capacité d’intervention dans la vie politique, en effet relevant souvent du pragmatisme, au service d’une réelle efficacité. Comme quoi la politique, comme la vie, c’est bien compliqué.

° Du côté des « partis réformistes » : retour de l’hégémonie.

Après 68, on avait cru le PS définitivement à terre, le PC sur le point d’être bousculé, et voici l’Union de la gauche, le Programme commun de gouvernement, Mitterrand personnalisant l’alternative à de Gaulle, puis à Giscard…

Le modèle stratégique de la révolution, modèle 17 et de quelques unes de ses variantes, n’était plus ni efficient ni adapté.

Le problème alors posé, entre autres par Henri Weber, mais qui hélas n’a pas été traité avec assez de sérieux alors (et peut-être même depuis), s’est présenté sous forme d’une sévère alternative. Faut-il s’adapter et rallier la « réforme » pour travailler à lui instiller une dynamique de transformation sociale ? Ou rester fidèle à la « révolution » quitte à modifier radicalement la stratégie à laquelle se référer ?

Pragmatisme et orthodoxie sont alors montés sur le même bateau. Afin de travailler une politique d’unité conflictuelle avec les forces réformistes (oui, le « front unique » !) en l’inscrivant dans la perspective du débordement révolutionnaire (avec en référence forte le Front populaire de 36). Compte tenu des rapports de force politiques et des réalités sociales, y croire supposait une bonne dose de volontarisme. On n’en manqua pas ! Des aventures politiques – dont la recherche de l’unification du mouvement trotskiste, le tournant ouvrier, l’intervention en direction du PS, l’aventure audacieuse du quotidien Rouge… – ne peuvent se comprendre, et on ne peut en tirer le bilan, qu’en les resituant dans cette vision selon laquelle l’inéluctable accession de la gauche au gouvernement allait ouvrir la brèche où s’engouffrerait la mobilisation révolutionnaire des masses…

° Le choc de grands désaveux historiques.

L’absence de mobilisation ouvrière posant le problème d’une rupture avec la politique gouvernementale de Mitterrand apporta de cruelles leçons : le schéma stratégique ne fonctionnait pas (restait à chercher l’erreur), et le volontarisme politique et militant lié à celui-ci se traduisait par de cuisants échecs et des dégâts politiques et humains importants. La dialectique entre masses et appareils, qui promettait de déjouer les « trahisons » réformistes, devait donc être révisée, voire remisée…

D’autant qu’un deuxième grand choc, encore plus destructeur, n’allait pas tarder avec l’effondrement de l’URSS.

Le débat à prolonger, ou à reprendre, ne porte pas seulement sur la caractérisation d’« État ouvrier dégénéré » (qui a fait couler tellement d’encre), mais sur le fait qu’il y avait une spécificité de ces sociétés et de ces États du fait de leur rupture historique avec le capitalisme réellement existant en Occident. Ce qui paradoxalement s’est trouvé confirmé par leur implosion et leur ralliement panique au capitalisme sous sa forme néolibérale. Le désaveu porta sur le fait qu’on pensait qu’existaient dans la profondeur de ces sociétés des forces sociales gelées par la dictature bureaucratique, qui ne pouvaient que se soulever lorsque celle-ci entrerait en crise (ce que l’histoire des autres sociétés du glacis avait confirmé périodiquement). Or, dans le cas de l’URSS, rien de tel ne s’est passé.

Cette fois c’est toute la compréhension du siècle qui était à reprendre à nouveaux comptes.

Sévère leçon soviétique ! Celle-ci mériterait certainement qu’on y revienne. Mais invitation aussi à un retour sur l’évolution de la Chine « communiste », sur le devenir des luttes de libération nationale, des révolutions anticoloniales et anti-impérialistes (Vietnam, Laos, Cambodge, et aussi Algérie et tant d’autres…). Autant de réalités aussi massives que déconcertantes qui autorisent quelque indulgence pour les erreurs (graves) commises à propos de l’Afghanistan, ou à propos de l’Iran la très grande difficulté à appréhender ce phénomène perturbant par rapport à tout ce qu’on savait : une « révolution islamiste » !

Bref, pour rester mobilisé, pour continuer à militer, une grande conversion théorique et pragmatique s’imposait !

Ce que nos auteurs abordent dans la dernière partie du livre, avec la campagne Juquin, l’expérience de la mobilisation contre le TCE. Et la confrontation avec la perspective du « dépassement » de la Ligue… Cela jusqu’à la dissolution de la Ligue pour créer le NPA, séquence qui en tant que telle ainsi que ses suites est écartée du récit.

La grande question du « dépassement » : de l’invitation au crash

« Nouvelle époque, nouveau programme, nouveau parti » : la conscience d’une nouvelle donne politique s’est concrétisée dans cette formule assez unanimement partagée. La combinaison de ces trois termes s’est pourtant avérée hautement problématique. Pour « l’époque », pas trop de réel problème : les changements étaient si massifs que nul ne pouvait les minimiser (autre chose étant d’analyser les coordonnées de ladite nouvelle période !). Pour « le programme», il était évident que sa réactualisation, voire son élaboration à nouveaux comptes imposaient un travail fort ambitieux et de long terme. Mais au sujet du « parti », se posait en urgence une question épineuse : si le projet n’était plus la construction à marche forcée du « Parti révolutionnaire », que faire de la Ligue jusque là conçue comme le vecteur de ce projet ? Entamer sa transformation totale ou envisager son engagement dans un processus vers une formation politique originale ? Cette dernière résultant de grandes recompositions politiques impliquant des forces se posant des questions similaires, permettant de « dépasser » l’existant au sens dialectique du terme : conserver                « l’essentiel » en l’intégrant dans une réalité politique et organisationnelle nouvelle et inédite… Les différents modèles sur lesquels vivaient les forces d’extrême gauche, mais cela allait s’avérer également vrai pour les grands partis, bref potentiellement tout le mouvement ouvrier, étant en voie d’épuisement manifeste, le problème était bien global. L’expérience de la section brésilienne de l’Internationale qui avait participé à la fondation du Parti des travailleurs et s’y était inscrite comme courant « Démocratie socialiste » apportait d’utiles leçons, et aussi des désaccords quant à leur interprétation…

La mobilisation de 2005 contre le TCE allait apporter une démonstration éclairante de cette situation : des forces qui hier s’ignoraient ou se combattaient menaient une campagne commune, d’ampleur, et finalement victorieuse ! Du coup le problème fut posé à toutes de transformer l’essai. Ce fut l’épisode tumultueux de la recherche de candidatures unitaires pour les élections présidentielle et législatives de 2007. Il se conclut par un cinglant échec, qui relança la division. La direction du PC n’avait pu dépasser un blocage : l’idée que, force principale, il lui revenait de désigner la      « candidate unitaire » en la personne de sa propre secrétaire nationale ! Celle de la Ligue se divisa, manœuvra, mais majoritairement avait décidé que plutôt qu’une candidature unitaire il convenait de jouer une deuxième candidature d’Olivier Besancenot.

Le succès relatif de celle-ci conduisit à un choix décisif : appeler à la création d’un « nouveau parti », dont la nouveauté serait garantie par la dissolution de la Ligue.

Donc la promesse d’un vrai dépassement ! Mais au profit d’une recomposition qui paradoxalement n’impliquait que la seule Ligue. Celle-ci dissoute, restait un noyau directionnel et militant, rajeuni et débarrassé des pesanteurs d’un trop long passé…

Ruses de l’histoire, la Ligue sabordée, le Nouveau parti anticapitaliste n’intéressa que de multiples groupes au trotskisme fort dogmatique, s’avéra impuissant à maîtriser les effets destructeurs de questions délicates précédemment débattues (la question du voile), et bousculé par un Front de gauche dont l’émergence avait coïncidé avec sa naissance à la veille des élections européennes de 2009… Alors avait été écartée d’un revers de main la question d’envisager un accord électoral avec ce même Front de gauche. Autre ruse de l’histoire : avec la crise du NPA qui ne tarda pas, c’est l’attraction du Front de gauche qui allait s’exercer, conduisant à plusieurs ruptures au sein du NPA (4), qui progressivement allaient rendre visible le fait que le NPA n’a plus qu’une relation faible avec ce que fut la LCR.

Le livre laisse hors champ cette conclusion de l’histoire de la Ligue, certainement à juste titre au regard de la problématique qui est la sienne. En revanche il est utile de l’introduire ici dans la mesure où elle nous paraît confirmer que la Ligue était bien une organisation spécifique, mais en même temps parte prenante d’un ensemble plus global, qui est le mouvement ouvrier, ou la gauche. Avec ses multiples composantes qui, qu’elles le veulent ou non, sont appelées à interagir. Souvent pour le pire, parfois le meilleur…

 

Notes :

(1) : On pense par exemple aux livres de G. Filoche, A. Krivine, et d’autres…

(2) : Certes en ce domaine existent des mélanges subtils. Ainsi certains ouvrages de H. Weber et D. Bensaïd sont de l’ordre de l’autobiographie, tout en portant l’ambition de rendre compte d’une histoire collective, avec ses projets et son inscription dans une époque. B. Stora de son côté opère une synthèse non moins subtile entre témoignage militant et travail d’historien, mais il le fait par rapport à une séquence particulière qui est celle de l’action de l’organisation lambertiste dans l’après Mai 68 et à partir de son propre parcours militant.

(3) : Des textes analytiques existent qui se déploient dans un autre registre, et sont quelque peu dispersés. Nos auteurs, en conformité avec le choix d’être dans le registre du « récit », ne s’y réfèrent pas ou peu (par exemple des textes        d’A. Artous, M. Lequenne, Jean-Marie Vincent, D. Bensaïd, F. Sitel…)

(4) : D’abord dès le congrès de fondation du NPA le départ du courant qui allait créer la Gauche unitaire rejoignant le Front de gauche pour les européennes, puis le courant Convergences et alternative, et finalement le courant Gauche anticapitaliste, le plus important numériquement et regroupant nombre des militants et cadres qui avaient porté le projet de dissolution de la LCR et de la création du NPA. Trois courants qui se sont successivement inscrits dans le Front de gauche, puis allaient en grande partie se retrouver au sein du mouvement Ensemble !

 

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