Sanofi, la face cachée

Par Thierry Bodin, Bernard Dubois, Danielle Montel (*)

Sanofi est un grand de l’industrie pharmaceutique mondiale. À l’heure où la crise sanitaire met en lumière les enjeux du système de santé, dont un des maillons forts est celui des médicaments et des vaccins, la direction de Sanofi est sous les projecteurs.
Hier elle annonçait verser aux hôpitaux 100 millions d’euros pour les aider à affronter le COVID-19. Aujourd’hui son PDG est à la une de l’actualité pour son annonce tonitruante que dès lors qu’un éventuel vaccin contre le virus serait mis au point par Sanofi, il sera prioritairement mis à disposition des États-Unis, en reconnaissance du soutien financier apporté par ce pays à la recherche de l’entreprise.
D’où un peu de bruit pour des questions de grande importance ! Et aussi invitation à s’intéresser à Sanofi, moins à ses coups d’éclat qu’aux stratégies de sa direction, sur les plans financier et de santé, et aussi à l’égard des personnels.

 

Sanofi est le premier laboratoire français et le second européen, avec plus de 100 000 salariés dans le monde, dont        23 000 en France (CDI, CDD) travaillant sur une trentaine de sites. Son chiffre d’affaires dépasse les 36 milliards d’euros et le résultat net des activités plus de 7,5 milliards d’euros.

Sanofi est un membre actif du LEEM (les entreprises du médicament) et du MEDEF par la Fédération Française des industries de santé (FEFIS : dispositifs médicaux, négoce dentaire, répartition pharmaceutique, optique, industrie chimique organique de synthèse et biochimie…) et des fédérations professionnelles européennes. Tous les organismes patronaux auxquels les Big pharma adhèrent sont de grands lobbyistes auprès des gouvernements, des parlements, des élus locaux, des hôpitaux…

Les décisions d’un groupe, d’une entreprise ont des conséquences pour l’ensemble d’une ville, d’une région, d’un pays, pour le monde. Dans les démocraties libérales, le lien de subordination ferme l’accès à tout débat démocratique aux bornes de l’entreprise. Les quelques initiatives d’ouverture de droits à des lanceurs d’alerte ne font qu’illustrer l’énergie, le courage et la souffrance endurés par ceux qui n’ont pas pu se résigner à l’obscurantisme du néolibéralisme.

Aujourd’hui, cette partition entre l’entreprise et le reste du monde n’est plus audible, tant en matière sociale, économique, environnementale que de santé publique. L’action politique démocratique ne peut s’affranchir de la connaissance du monde de l’entreprise.

Militants syndicalistes à la CGT, il nous semble utile de partager notre expérience, en cette période de catastrophe sanitaire, et de mettre au grand jour l’impact de décennies de choix politiques de rigueur et de stratégies industrielles purement financières des grands laboratoires pharmaceutiques privés, sociétés du CAC 40.

Le syndicat CGT et ses syndiqués dans Sanofi interviennent dans le domaine de la santé, bien commun de tous. Ils sont organisés sur chaque site de façon à construire les réponses aux besoins des salariés citoyens et à agir.

 Le profit ou la santé ?

Comme les grands laboratoires pharmaceutiques et autres entreprises cotées en Bourse, la direction de Sanofi a pour stratégie de viser le profit maximum à court terme. D’où un leitmotiv : satisfaire les actionnaires !

Tout est construit et ordonné pour faire remonter du « cash » : gestion de la trésorerie, examen des taux de change,       « optimisation fiscale », gestion des stocks, de l’emploi, des salaires, focalisation sur les maladies les plus rentables… Et, pour chaque activité, des objectifs d’économie sont fixés.

Sanofi, tout comme ses confrères du CAC 40, est en perpétuelle restructuration. Les conséquences en sont des suppressions d’activités et d’expertises, des fusions, des fermetures, des diminutions d’emplois.

De Jean-François Dehecq, son emblématique PDG, qui fut chargé entre 1982 et 1988 de diversifier les activités lucratives d’Elf Aquitaine en créant de toutes pièces un groupe pharmaceutique à coups de fusions/acquisitions (plus de 300) et en rassemblant des cautions politiques de tous horizons, à Paul Hudson, l’actuel PDG, les dirigeants successifs se sont tous engagés à servir les actionnaires au détriment des savoir-faire, de la recherche, de la distribution de principes actifs et de spécialités pharmaceutiques utiles.

Si la direction de Sanofi se glorifie d’avoir versé aux hôpitaux 100 millions d’euros pour faire face à la crise du COVID-19, elle fait moins de publicité à une autre réalité : le 28 avril 2020, l’assemblée des actionnaires de Sanofi a voté le versement d’un dividende de 3,15 euros par action (+ 2,6%), soit 3,95 milliards d’euros. C’est la 26e année consécutive de croissance du dividende.

Les deux premiers actionnaires sont L’Oréal et le Fonds de pension vautour Blackrock. La seule famille Bettencourt a touché 120 millions d’euros de dividende, et Blackrock plus de 200 millions d’euros.

Cette course effrénée à la satisfaction des actionnaires s’est traduite par une hausse continue du dividende (annexe 1) ainsi que des rachats/annulations d’actions (annexe 2). De surcroît elle a été soutenue par des aides publiques, celles-ci sans retour attendu (ni même demandé). Ainsi, de 2008 à 2020, Sanofi a bénéficié annuellement de 115 à 150 millions de crédit d’impôt, dont principalement le crédit d’impôt recherche (source : cabinet d’expertise Syndex). Cela sans aucun engagement ni aucun contrôle de l’utilisation de ces fonds.

Dans le même temps ont été provoquées des casses industrielles désastreuses (annexe 3), lesquelles ont gravement impacté la recherche interne et la recherche publique. Cette gestion capitaliste de Sanofi s’est traduite par de multiples restructurations, dans le monde et en France, des arrêts d’activités essentielles et par près de 5 000 suppressions d’emplois en 12 ans en France (Annexe 4).

Cette stratégie, malgré les alertes de la communauté médicale et scientifique, a conduit à l’abandon de la recherche sur des axes thérapeutiques majeurs dont les médicaments anti-infectieux (antibiotiques, antiviraux, antifongiques). Ceux-ci étant jugés insuffisamment rentables par Sanofi, mais également par la quasi totalité des entreprises pharmaceutiques.

La CGT Sanofi n’a eu de cesse, arguments à l’appui, d’insister sur le nécessaire maintien de ces axes thérapeutiques essentiels en termes de santé publique. Alors que la réouverture d’un axe anti-infectieux sur Toulouse avait été obtenue en 2010, les plans d’économie visant à fermer des sites de recherche ont conduit au gâchis de son transfert à Lyon en 2015, puis à un désengagement total en 2018

Aujourd’hui, à la lumière de la pandémie de COVID-19, chacun peut constater les désastreuses conséquences, aux plans sanitaire, économique et social, de l’absence de traitements et de vaccins. Du coup, poussés par l’urgence sanitaire et la colère des peuples, et surtout attirés par de possibles profits, les laboratoires lancent des dizaines d’études cliniques, parfois avec des médicaments vieux de plus de 40 ans. Mais un an plus tôt, aucun traitement ni vaccin n’était à l’étude concernant les virus à ARN.

Terrible démonstration de l’échec de la gestion capitaliste des industries pharmaceutiques, pour lesquelles seul compte le niveau de rentabilité ! Et aussi des politiques de laisser-faire des gouvernements et de l’OMS.

Et les salariés ?

Cette entreprise se doit de répondre aux critères financiers des agences de notation (Moody’s, Standard and Poor’s…). Pour faire simple : une bonne note et c’est l’accès aux meilleurs taux d’intérêt, et un plus pour le cours de l’action.

Parmi les facteurs examinés par les financiers se trouvent les passifs sociaux, lesquels représentent les engagements pris en faveur des salariés : indemnités de licenciement, indemnités de fin de carrière, gratifications d’ancienneté, régimes de prévoyance et de soins de santé des retraités. L’objectif est de les diminuer, en remettant en cause des acquis gagnés de haute lutte et la solidarité intergénérationnelle (actifs-retraités). Cette destruction des solidarités représente une obsession des entreprises capitalistes.

La mobilité a été imposée, certains salariés ont subi trois mutations géographiques successives. Certains, excédés, ont dû quitter le groupe. La peur s’est installée. Des familles ont été détruites. Des régions ont été désertifiées du fait des restructurations.

L’intérim représente le modèle idéal, en ce qu’il permet de disposer d’une main-d’œuvre flexible, corvéable, qui ne peut pas se permettre de faire grève, ce qui réduit de facto le rapport de forces dans l’entreprise. De plus, les intérimaires n’étant pas salariés de l’entreprise, le passif social les concernant est dérisoire.

Obtenir la requalification en CDI des contrats d’intérim ou de CDD est difficile. La CGT de Val-de-Reuil a conduit avec succès une telle lutte : plus de 300 salariés requalifiés en 6 ans. Mais le nombre de victoires obtenues dans le groupe et en France reste faible, le pouvoir des inspections du travail limité, bien que clairement le Code du travail ne soit pas respecté.

En conséquence, Sanofi a toujours recours à plusieurs milliers de travailleurs intérimaires ou en CDD, cela en complète infraction avec la législation, mais avec le bénéfice de moins de passifs sociaux.

En recherche, ce sont les stagiaires, contrats d’apprentissage, thésards qui remplacent les techniciens incités à partir lors des plans de restructuration. Main d’œuvre bon marché, à la fin de leur stage ou de leur thèse, moins de 5 % sont embauchés.

Les précaires et le turn-over permettent de répondre à des conditions de travail rendues difficiles par la baisse des effectifs et de l’investissement (en capacité et en modernisation) : flux tendus, mise en place de méthodes de management et de recherche en vue de gains de productivité, tel que le LEAN, tension permanente, micro-pauses supprimées, process « challengé » jusqu’à l’extrême limite du respect des Bonnes Pratiques de Fabrication (BPF)…

Économie sur les passifs sociaux et intérim constituent une stratégie qui paupérise les salariés, affecte leur santé physique et mentale, réduit les rémunérations des actifs et des retraités, et aussi permet de s’affranchir des lois de la cité (Code du travail, Code de la santé publique).

S’ajoute ce que nous avons vécu ces dernières années : lois Rebsamen, El Khomri, Macron, qui ont bouleversé le Code du travail et une partie du « contrat social ».

Sanofi : Une politique managériale destructrice

Tout en attendant des outils législatifs favorisant des restructurations nouvelles (à la réalisation desquels certainement travaillent le groupe et les associations de DRH), Sanofi n’est pas resté l’arme au pied.

Les négociations annuelles obligatoires (NAO) concernant les salaires ont été réduites à des chambres d’enregistrement, le groupe a supprimé toutes les augmentations collectives, c’est un moyen de diviser, isoler les salariés, privilégier les augmentations individuelles au mérite.

Un système d’évaluation des atteintes d’objectifs mis en place, dans un premier temps chez les cadres, a ensuite été étendu à l’ensemble des catégories professionnelles.

Ce système d’évaluation individuelle, basé sur la subordination, a des effets négatifs sur la rémunération, sur la poursuite du contrat de travail. Et, tout aussi grave, il entrave le travail collectif, nie le droit à la parole sur ce qui concerne le sens, le contenu et l’exercice des métiers.

Piégé dans un climat de performance individuelle et dans un encadrement disciplinaire de l’exercice professionnel (rémunération individualisée, lettres de recadrage, avertissements…), le salarié se trouve contraint d’agir et de penser comme le veulent sa hiérarchie et la direction. Pour, au passage, souffrir des excès de zèle d’intermédiaires hiérarchiques toujours prompts à planter des aiguilles dans les ailes des papillons. Un management qui génère de l’absentéisme, court et long, des accidents et peut conduire au burn-out.

L’expression du savoir-faire, de l’expérience et de la mémoire professionnelles se trouve inhibée (par auto-censure) au profit d’une ligne standardisée dédiée à la rapidité d’exécution.

Les plans de formation sont réduits à des modules obligatoires, de sensibilisation à la prise en compte de nombreuses chartes « éthiques sanofiennes », utiles à servir de justificatifs aux autorités de tutelles. Les formations qualifiantes, techniques et prospectives sont rares.

La gestion des plans de formation est externalisée, modélisée dans un logiciel de l’intranet. L’accès des salariés à la formation est complexifié et lié aux résultats de l’entretien annuel d’activité (objectifs ingurgités, le salarié gavé est         « tatoué » sanofi). La discipline est très prégnante et la note comportementale d’adhésion à la stratégie suivie et sa déclinaison dans chaque service ont plus de valeur que les appréciations techniques et de savoir-faire.

Tout ceci pousse aux ruptures conventionnelles. C’est un autre aspect de la gestion des effectifs : gestion de l’épuisement professionnel et de la dégradation des conditions de travail, exclusion des « fortes têtes » ou des moutons noirs, pression sur les salariés restant présents dans l’effectif…

Ce qui se dessine est une forme de standardisation de l’humain-type-sanofi au travail, décidé par une « élite ». Nous assistons à une forme avancée et coordonnée de sélection des salariés. À quand l’eugénisme sanofien ?

Des luttes pour l’intérêt général 

 La dénonciation par la CGT Sanofi des rejets gazeux toxiques du site de Mourenx a visé tout à la fois à garantir la santé des salariés et des populations environnantes, non sans lien avec la situation des victimes des pathologies liées à la prise de Dépakine. Ce combat pour une meilleure prise en compte des effets sanitaires et environnementaux vise à contraindre les dirigeants à améliorer les procédés de fabrication, à reconnaître les risques qui lui sont liés, et à développer la pharmacovigilance des médicaments.

La lutte des salariés de Famar à St Genis Laval (ex Sanofi) pour la survie de leur usine, qui produit 12 médicaments majeurs de santé publique, est emblématique du combat des salariés pour l’intérêt général. Elle nécessite un engagement urgent du gouvernement permettant la poursuite de l’activité.

Notre intervention sur la nécessité de trouver de nouveaux adjuvants pour remplacer l’aluminium dans les vaccins, qui est source de nombreux cas de Myofasciite à macrophages, renvoie à notre mission essentielle : fournir des traitements et vaccins sûrs pour les patients. Ceci est d’autant plus nécessaire que se dessine une vaccination massive indispensable.

De même, la CGT Sanofi a alerté par écrit en septembre 2019 les ministères de l’Industrie et de la Santé au sujet des risques industriels et sanitaires majeurs résultant de la stratégie de Sanofi et, dans le seul but de diminuer les coûts de production, du recours de plus en plus massif à la production de principes actifs en Inde et en Chine. Ce courrier faisait part, au regard des ruptures de plus en plus importantes de médicaments sur le sol national, de l’absolue nécessité d’assurer l’indépendance thérapeutique de la France par la préservation de cet outil scientifique et industriel.

La crise actuelle valide cette exigence. Mais il aura fallu attendre celle-ci pour que les dirigeants de Sanofi reprennent cet argument pour présenter un projet de création de production de principes actifs au niveau européen, alors qu’en 2008, lorsque la CGT argumentait pour maintenir la production du paracétamol en France, ils nous riaient au nez. En fait, derrière cette création d’une entité de production de principes actifs, se cachent les mêmes objectifs financiers, à savoir se séparer de 6 usines, dont 2 en France, pour lesquelles Sanofi ne réalisait plus d’investissements, et céder près de 200 médicaments, dont beaucoup d’intérêt thérapeutique majeur mais jugés insuffisamment rentables.

La crise sanitaire mondiale impose des décisions à la hauteur des immenses problèmes sanitaires, sociaux et économiques qui vont en résulter. Le fruit du travail des chercheurs, des salariés, fiers de leur métier au service de la santé, doit conduire à mettre à disposition des traitements et des vaccins pour l’ensemble des populations partout dans le monde.

Il faut que Sanofi s’engage à ne réaliser aucun bénéfice sur le COVID-19 et à mettre dans le domaine public tous les brevets nécessaires à la mise au point d’un traitement efficace.

À ce propos, l’accord passé, entre autres, entre Sanofi et la BARDA (autorité dépendant du ministère de la Santé des États-Unis) risque de placer les États-Unis en position de force pour imposer un chantage sanitaire à toute la planète.

De plus, le fait que Palantir (société nord-américaine gestionnaire de big data, créée par la CIA) ait signé un accord avec Sanofi pour recueillir l’ensemble des données cliniques anonymisées de Sanofi dans une grosse base de données, en vue d’en extraire des informations, renforce l’inquiétude.

Une politique de prix en opposition aux besoins des populations

Un accès de tous aux traitements nécessite de lutter contre les prix exorbitants pratiqués par Sanofi pour certains traitements. Un exemple : le scandale du prix des insulines aux États-Unis qui a conduit à une augmentation de l’anti-diabétique Lantus de 99 euros en 2010 à 269 euros en 2018.

Défendre la diminution des prix des médicaments, c’est répondre à l’intérêt général et soutenir la nécessaire activité industrielle. Ainsi la Chine a décidé en 2019 d’imposer une baisse drastique de certains médicaments cardiovasculaires, tel Plavix et Aprovel de Sanofi, ce qui s’est traduit en 2020 par une baisse du chiffre d’affaires, mais aussi par une augmentation des volumes produits. Démonstration que la baisse des prix a permis à une population plus importante d’accéder à ces traitements. La même observation a été faite lors de la division par 4 du prix de l’anti-cancéreux Taxotere en Inde.

 Pour la société humaine : quelles ruptures ?

Tout cela conduit à s’interroger sur ce qu’est le travail, le savoir-faire, l’évolution de la connaissance, de la qualification au service du médicament et de la santé physique et mentale au travail. Épanouissement, développement, investissement ou aliénation : taire, contraindre, céder à la consigne stupide.

Dans les années soixante-dix, un slogan circulait dans les lycées : « rien de ce qui fait l’aliénation humaine ne peut être appliqué aux animaux de basse-cour ». Il y a aujourd’hui un écho de classe dans ce mot de « basse-cour », en ces temps d’oligarchie aux accents féodaux.

Le médicament doit être universellement reconnu comme bien commun, c’est une évidence. C’est également vrai pour le travail, le savoir-faire et sa transmission. Nul ne doit être malade à cause du travail. La production du médicament doit, du principe actif à sa distribution, respecter les salariés, les riverains et l’environnement.

La vie de la cité est altérée par la stratégie des multinationales pharmaceutiques, dont Sanofi, aussi bien en matière de satisfaction des besoins de santé que d’environnement. Les entreprises du CAC 40 sont guidées par les mêmes stratégies financières, obéissent à des actionnaires communs dont l’avidité s’attaque à des domaines essentiels à la vie : l’eau, l’alimentation, les transports, l’énergie, la santé…

Construire un monde où vivre dignement de son travail, comprendre et maîtriser le sens du travail au service de la satisfaction des besoins, c’est un projet de société incompatible avec la propriété individuelle, privée, des moyens de production.

Il ne faut toutefois pas se laisser égarer par des réponses empruntées au passé, qui ont été la source d’aliénation humaine et de dégradation irréversible de l’environnement, du fleuve Colorado à la mer d’Aral, de dégâts considérables pour les populations et l’environnement, en Chine et en Inde notamment. Là-bas, comme pour les relocalisations en France ou en Europe, les productions devront se faire sous des contraintes sanitaires exigeantes.

Définissons ensemble nos besoins et les moyens de production pouvant y répondre.

Des richesses, il y en a dans le travail, dans l’intelligence individuelle et collective des salariés.

Sanofi est construite sur une organisation artificielle étrangère au bien commun, et sur des pouvoirs imposés pour la maintenir. C’est tout le sens de la politique de rémunération des cadres basée sur l’évaluation de la performance individuelle que nous avons évoquée précédemment. Ceci, nous le constatons, aboutit à un désastre social.

La pandémie actuelle met à nu tous les gâchis, les délocalisations, les manques de coopération, les égoïsmes, les injustices et le déni d’humanité.

Aujourd’hui il est salutaire que les citoyens maîtrisent les choix de société et leurs mises en œuvre. Dans l’entreprise pharmaceutique, un des maillons de la chaîne de santé, il est nécessaire que les salariés prennent des pouvoirs, coopèrent avec les chercheurs, les professionnels de santé, les associations, en convergence avec la cité, la région.

 

(*) : Thierry Bodin est statisticien, Bernard Dubois est cadre assurance qualité, Danielle Montel est pharmacologue retraitée, tous salariés de Sanofi. Tous trois sont syndicalistes CGT. Co-initiateurs du Manifeste « Pour une appropriation sociale du médicament » ils ont participé au dossier « Le médicament, un bien commun ! » du n° 42 de ContreTemps (juillet 2019).

 

 

ANNEXES

Annexe 3 : Etat des suppressions de sites et d’activités

 

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